Texte critique: Claudette Allosio

Elle soigne les contours, s’attache aux détails avec tendresse. Deux chatons frottent leur fourrure rousse, en fermant l’œil à moitié, serrés confortablement l’un auprès de l’autre, pleinement satisfaits.

La nature est sa principale source d’inspiration : le paysage, le règne végétal et animal.

Elle privilégie le gros plan. Le plaisir du coup d’œil sur une accumulation de pommes devient un prétexte pour l’artiste de jouer avec les couleurs, avec leurs tendances à rougir, à pâlir et à surprendre.
Quand les couleurs sont vives, la matière granuleuse, onctueuse et riche, le regard du peintre sur la vitrine du pâtissier se met en appétit. Ses Macarons en boîte, ou bien Macarons, délicieux, approchent de l’esthétique du pop art américain.

Traduire, représenter, couvrir, teindre à l’aquarelle, à l’acrylique, au pastel sec, Claudette Allosio entend la peinture au sens classique. Pour rendre les choix du regard au visible, elle s’inspire de la photographie.

L’artiste décore également des meubles tissant parfois des liens entre ses deux activités. Dans sa peinture, il lui arrive d’extraire les motifs floraux de leur contexte pour privilégier leur côté purement décoratif : Feuillage d’automne.
Son travail paraît s’épanouir entre la sagesse de l’artisan qui n’aime pas sortir du cadre et l’esprit de conquête exigé par la peinture.

Une œuvre plus ancienne Distorsion représentant un visage de femme esquissé dans un « non fini » aurait pu annoncer un tournant dans son travail. À vrai dire, le visage et le corps humains occupent une place secondaire dans sa peinture. L’artiste préfère le silence des formes naturelles, la géographie compliquée du corps de l’animal, les douces formes géométriques des plantes, la poésie pastorale que lui suggère la campagne.

Certains de ses paysages sont traités comme des vedute. D’autres sont détournés du réalisme par des couleurs rehaussées d’un blanc crayeux. Dans Sous-bois insolite par exemple, le merveilleux l’emporte sur la réalité. Dans Zénitude, l’aspect coquet du paysage rappelle les illustrations des livres pour enfant.
Dans Tourbillon, elle traduit, un phénomène plus abstrait de la nature ou de l’âme. Le drame envisageable est écarté par la présence des petits grains de lentilles roses qui apportent de la fantaisie aux traits, lui permettant de diversifier le matériau.

Lorsqu’elle cherche du côté du rêve, ses quelques toiles abstraites rappellent par leur coloris bleu et rouge, l’atmosphère embrasée des œuvres de Kandinsky.
L’aquarelle, c’est la technique où elle excelle. C’est elle qui lui permet de libérer son geste pour capter cette immédiateté délicieuse, la rencontre furtive entre l’œil de l’artiste et le motif. On a l’impression que le modèle va bientôt lui échapper. Cette ambiguïté-là donne à son croquis la beauté et la légèreté de l’instantanéité et de l’agréable, comme dans Iris, ou Venise un jour gris par exemple.

Parfois c’est réalité, lorsqu’elle est douce et apaisante, parfois c’est le rêve ou son âme d’enfant qui dictent à Claudette Allosio la manière dont elle mène sa peinture. « Je ne suis pas quelqu’un de torturé » confesse l’artiste.

Ileana Cornea, Paris février 2011