Texte critique: Hervé Le Bis

Portraits, paysages, taureaux représentent les sujets de cette peinture flamboyante !

Hervé le Bis s’enivre du pouvoir éclatant des couleurs.
Leur vivacité vibre. La simplification des traits, la rapidité de l’exécution concourt à donner naissance à des images poétisées. Son combat artistique est fougueux. L’artiste regarde du côté du Fauvisme, et de l’expressionniste allemand.

Dans ses meilleures toiles, la gaîté des effets chromatiques finit par emprunter des accents dramatiques. Il le dit mieux que quiconque : Voyages épicuriens où l’œil choisit comme départ, des couleurs flamboyantes qui s’animent jusqu’au moment où la lumière s’électrise : On pense à la Nuit d’été, à La cathédrale de lumière…
Quant il joue avec la matière onctueuse de la pâte, il obtient un modelage quasi sculptural. Il simplifie le motif, les arbres, les champs, les montagnes. L’artiste en brosse les morphologies, comme dans les dessins d’enfant. La couleur prend la lumière, l’image se fige dans l’expression : Massifs et nuages jaunes, Les Ruisseaux…

La série des taureaux est touchante : El Toro nous regarde, on pense aux animaux cosmiques de Franz Marc.

Dans ses toiles abstraites, l’artiste la met sa fureur au service du geste. Son dynamisme est plein d’entrain. Les tourbillons, le tumulte, caractérisent sa série intitulée Cosmotopie. Dans Variations 14 et 16 on assiste à une pluie d’ atomes, à un déplacement d’énergies dans le chaos avant l’apparition des formes. Dans Variante 4, un corps dont on perçoit le pied géant est pris dans un vertige chromatique qui est sur le point de l’aspirer.
Il lui arrive de peindre avec des mouvements amples et circulaires comme s’il combattait un adversaire avec la pointe d’une fleurette, Variations 5, Variation 1, Variation 16.
Cette gestuelle particulière on la retrouve également dans ses dessins.
Dans la série de Gladiateurs, il semble animé par un esprit aux accents surréalistes. Les traits sont cinglants, les corps surpris dans des volumes comme les mannequins sans visage de De Chirico.
Le sujet le préoccupe, surtout dans la série des portraits. Pense-il a la ressemblance, à ce terrible face à face avec l’autre qui embarrasse les plus grands des artistes ?
La femme en jaune est un peu trop figée. Là où il réussit le plus, c’est quand il en dit beaucoup sans trop rentrer dans les détails. La femme allongée que l’on aperçoit sur une plage, qui dans cette lumière aveuglante jaune et bleue est subtilement évoquée.

Dans ses vedute, lorsqu’il s’arrête pour observer l’architecture, ses dessins au lavis se font évanescents. Il s’attarde aux détails, il laisse le mystère de la feuille blanche respirer.

Ses motifs appartiennent à un autre monde. L’univers artistique d’Hervé le Bis semble tourner le dos à l’inquiétante trépidation contemporaine. Sa poésie en cherche les dessous. Il semble nous dire qu’un visage n’est pas à tout prix agressif ou dérangeant et que dans les landes de la Camargue, les taureaux sont toujours là, majestueux et solaires, prêts pour le combat. Il nous dit aussi que la ville n’est pas la seule à mériter d’être traduite en peinture, puisque la nature est toujours là pour nous consoler.

Ileana Cornea,  avril 2011